On sait tous que c’est plus ou moins compliqué d’avoir des produits africains quand on est expatrié. C’est pour répondre à ce besoin que Djatou N’Gom a créé Wacori.fr. Un site de e-commerce où on retrouve des produits de chez nous: fonio, bissap, beurre de karité… De la mode à la décoration en passant par l’épicerie, c’est un véritable marché africain. Découvrez Wacori et sa fondatrice dans cette interview.
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J’ai 40 ans, je suis maman de 4 enfants, mariée et je vis à Nice. Je suis la créatrice du site de e-commerce wacori.fr.
Je suis un pur produit du lycée Sainte Marie de Cocody où j’ai eu mon BAC avec mention.
J’ai un BTS en logistique et une licence en Commerce et Marketing qui m’ont permis d’exercer pendant 4 ans dans une multinationale Française en Cote d’Ivoire et pendant un an, au poste de Directrice commerciale et Marketing dans une Brasserie au Burkina Faso. Il y a moins d’un an, j’ai décidé de démissionner de mon poste de cadre dans l’industrie pharmaceutique afin de réaliser mon rêve entrepreneurial et créer wacori.fr, le marché africain en ligne.
Vous vivez à l’étranger depuis combien de temps ?
Ça fait 15 ans que je vis à l’étranger dont 1 an au Burkina Faso et 14 ans en France.
Comment vous est venu l’idée de Wacori?
Je me suis rendue compte au quotidien qu’acquérir les produits africains que j’avais l’habitude de consommer en Côte d’Ivoire n’était pas chose aisée.
Toutes les villes n’ont pas de restaurants ou de magasins africains. Et quand bien même c’est le cas, les ruptures de stock sont fréquentes, l’offre est limitée, l’accent est plus mis sur les produits alimentaires. Il n’ y a pas de produits innovants. À cela s’ajoute les problèmes de déplacement. La plupart des magasins sont en centre-ville et il est très difficile de trouver des places de stationnement. Et s’y rendre en transport en commun est parfois inconfortable voir impossible lorsqu’il y a des grèves. Avec une vie professionnelle très prenante et une vie de famille avec 3 enfants (à l’époque) à gérer, je commandais beaucoup sur internet pour me faciliter la vie. L’idée m’est alors venue de transposer ce modèle de distribution à nos produits africains.
Cette idée m’a paru d’autant plus intéressante car ce site aurait également pour vocation de mettre en lumière tous nos trésors d’Afrique.
Notre objectif n’était pas uniquement de faire du commerce. Nous voulions proposer également l’histoire et la culture des produits et de montrer la grande richesse de l’Afrique. Nous voulons rassembler en un seul endroit les produits de tous les pays africains afin que ceux qui ne les connaissent pas les découvrent. Aussi, que ceux qui les consomment continuent de le faire ou qu’ils découvrent les produits d’autres pays africains qu’ils ne connaissent pas.
Notre objectif est de proposer des bijoux, de la mode, de la décoration, des cosmétiques, de l’épicerie et bientôt des livres et de la musique propre à chaque pays africain.
Quel est le produit que les africains de la diaspora commandent le plus?
Le produit que nous vendons le plus est le beurre de karité, le véritable or blanc de nos villages.
Longtemps délaissé le beurre de karité est aujourd’hui très prisé par toutes ces personnes soucieuses de leur bien-être qui se tournent aujourd’hui vers des produits 100% naturels, sans produits chimiques et issus du commerce équitable.
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Quelques marques africaines avec lesquelles vous travaillez?
Nous travaillons avec des marques comme Eburny Food, Choco +, AMT Bio naturals et il est prévu d’en référencer bien d’autres.
Nous travaillons avec des marques qui innovent dans leur domaine et qui proposent une valorisation moderne des produits. Mais nous aimons aussi collaborer directement avec les acteurs et les actrices que nous rencontrons sur les marchés.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ? Comment y remédiez-vous?
Nous avons créé wacori.fr sur fonds propres avec de modestes moyens et nous avons de grandes ambitions. Il nous faut nous faire connaitre et acquérir de plus en plus de consom-acteurs afin de faire vivre l’entreprise et d’accroître nos possibilités de développement. Nous avons donc besoin de plus de visibilité pour pouvoir proposer nos produits à un maximum de personnes et répondre à leurs besoins. Les réseaux sociaux et les influenceurs nous y aident beaucoup. Cependant, nous avons planifié d’autres actions de communication afin de toucher un public toujours plus important.
Nous avons particulièrement aimé le concept de consom-acteur sur Wacori. Pouvez-vous en dire plus ?
Pour nous, comme je l’ai dit plus haut, il ne s’agit pas uniquement de commerce. Il s’agit d’engagement envers l’Afrique. Nous voulons faire rayonner l’Afrique, nous voulons être un ambassadeur de cette terre mère et susciter de nouveaux ambassadeurs.
Nos clients ne sont pas uniquement des acheteurs, ils deviennent des consom-acteurs. Ils consomment africains et ils agissent pour aider l’Afrique. Ils agissent concrètement.
Leurs achats permettent de maintenir et de créer des emplois. Nous nous engageons grâce à eux à reverser 1€ par tranche de 50€ d’achat à des associations ou des ONG en Afrique. Cette participation passe à 1,5€ lorsque les consom-acteurs souscrivent à la Wacoribox.
Nous sommes convaincus que seul le plein emploi en Afrique contribuera à stopper cette immigration dévastatrice que nous appelons “immigration du désespoir”.
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Un conseil à donner à une Ayana qui se lance dans le e-commerce?
C’est : d’y croire, d’etre persévérant, et surtout de prévoir un bon budget et une bonne stratégie de communication.